Comment repérer les obstacles à la communication? Partie 1

Comment repérer les obstacles à la communication? Partie 1

Il y a quelques années, j’ai décidé d’organiser un séjour aux Pays-Bas pour mes élèves apprenant le néerlandais. Les élèves étaient enchantés. Ma direction m’a remerciée pour cette initiative, et pour les heures de travail bénévole que cela représentait.

L’année suivante, j’ai relancé le projet avec plaisir. L’année d’après, quelque chose a changé. Alors que j’annonçais à ma directrice que j’allais une fois de plus organiser un séjour, à ma grande surprise, sa réponse fut: “Ah mais de toute façon vous l’organisez! Parce que maintenant je l’ai mis dans le projet d’établissement”. Les heures supplémentaires que je faisais volontairement sont devenues une obligation.

Nous devons avoir 90% des élèves qui participent au séjour pour avoir l’autorisation de l’administration . Notre direction a voulu bien faire en rendant le séjour “obligatoire” pour tous les élèves concernés. Le but était de limiter le stress de savoir si le séjour allait devoir être annulé ou pas (avec à chaque fois le risque de perdre les acomptes versés). Depuis lors, nous avons de plus en plus de soucis. Nous avons changé de casquette: avant nous étions “de chouettes profs qui proposaient un séjour à l’étranger”. Maintenant, nous courrons après des élèves pour qu’ils s’inscrivent. Avant, les élèves applaudissaient les accompagnateurs/organisateurs à la fin du séjour. Je suppose qu’ils considèrent maintenant ce séjour comme acquis, voire comme une corvée. Seuls quelques élèves nous remercient à la fin du voyage. Celui de cette année risque d’être le dernier.

Morale de l’histoire: l’obligation tue l’envie.

obstacle à la communication cnv

Crédit photo: Michael Pardo

Comment mettre toute les chances de notre côté pour que notre interlocuteur ne nous écoute pas?

Plusieurs catégories d’obstacles peuvent freiner notre élan de contribuer au bien-être les uns des autres:

Les jugements – Les exigences / obligations

“Le problème avec toi, c’est que tu manques d’organisation!” – “Mon patron est trop exigeant”  – “Tu es toujours en retard!” – “Tu as tort de faire ça, et en plus, tu ne t’en rends même pas compte!” – “Si seulement tu écoutais ce qu’on te dit…” – “Ta sœur au moins, elle range sa chambre” – “Si vous ne pouvez pas rendre les rapports dans les temps, je me passerai de vos services!” –  “Si votre campagne donne de bons résultats, vous aurez une prime”

Ces phrases me sont familières, je n’ai pas du réfléchir beaucoup pour noter ces exemples. Voici ce qui peut nous venir en tête quand on entend de tels messages:

Le problème avec toi, c’est que tu manques d’organisation! Il peut parler! Déjà je fais ce que je peux, et je ne suis pas si désorganisée que ça…
Tu es toujours en retard! C’est pas vrai, je suis arrivée en retard deux fois depuis le début de l’année!  / Aie, je vais avoir des ennuis…
Tu as tort de faire ça, et en plus, tu ne t’en rends même pas compte! Oh, mince, je suis vraiment nul! Je sais pas du tout ce que je devrais faire… / Mais pour qui elle se prend, celle-là? Madame je sais tout mieux que tout le monde!

 

Dans les exemples ci-dessus, la personne à qui vous vous adressez a de fortes chances de vouloir se défendre, de culpabiliser, de s’inquiéter pour son propre sort. Quoi qu’il en soit, elle pense à elle-même et n’est pas centrée sur VOTRE problème.

On définir les catégories suivantes (liste non exhaustive):

  • Jugement (ex: Il n’est pas sympa)
  • Généralisation (ex: Les jeunes n’ont plus de valeurs)
  • Menace/exigence (ex: Vous devez avoir terminé ce projet pour la fin du mois)
  • Punition/récompense (ex: Tu es rentré en retard, tu es privé de sortie)
  • Comparaison (ex: Monsieur X. fait cela en une après-midi, pourquoi pas vous?)
  • Pensée binaire (ex: C’est bien/mal)
  • Interprétation (ex: Il ne m’a pas rappelée, il n’a aucune considération pour moi)
  • Diagnostique (ex: Elle est égoïste)
  • Prédiction (ex: Si tu ne te prends pas en main, tu vas mal tourner !)

 

Quand quelque chose nous dérange et que l’on prend la peine de le dire, c’est bien sûr pour que notre interlocuteur nous écoute. Seulement, nous avons été habitués à nous exprimer de façon à ce que la personne se centre sur elle-même plutôt que sur notre problème!

 

Pourquoi?

accuser juger reprocheQuand nous nous sentons accusés, jugés ou obligés, nous avons une réaction bien naturelle de défense ou de résistance. Si nous changeons notre comportement, ce sera sous l’effet de la peur, de la culpabilité ou de la honte.

La personne qui entend ces mots risque fort d’avoir du ressentiment, d’être en colère ou de culpabiliser, de craindre la suite, … et d’attribuer à son interlocuteur (vous!) la responsabilité de ce mal être. C’est donc un langage qui coûte cher pour celui qui le reçoit, …et il coûte(ra) cher aussi à celui qui l’utilise. En effet, au plus quelqu’un agit par peur, colère, culpabilité, au moins cette personne aura envie de contribuer à notre bien-être par la suite. Survient alors la mauvaise volonté, la rancœur, une baisse de l’estime de soi, et bien souvent l’instauration d’un jeu de pouvoir qui alimentera ce cercle vicieux.

Le déni de responsabilité

“Ce n’est pas moi qui ai décidé de le faire, c’est le patron qui l’a demandé” “Je n’aime pas mon job, mais il faut bien que j’y aille” “J’ai fait la vaisselle parce que ma mère m’a obligé” “Je fume parce que ça fait tellement longtemps que je ne sais plus faire autrement” “Je lui ai donné une fessée parce qu’il exagérait”

Nous sommes particulièrement habitués à utiliser un langage qui fait croire à une absence de choix. Et nous n’avons pas toujours envie de reconnaitre nos responsabilités. Je cite ici un extrait du livre Les mots sont des fenêtres, ou bien ce sont des murs, de Marshall B. Rosenberg:

Une enseignante confia: “Je déteste mettre des notes. Je ne pense pas que cela serve à quoi que ce soit et ça angoisse beaucoup les élèves. Mais j’y suis obligée: ce sont les directives du rectorat.” (…) Je lui proposai de reformuler ce qu’elle venait de dire en commençant par: “Je choisis de mettre des notes parce que je veux …” Elle compléta sans hésiter: “parce que je veux garder mon poste.” Mais elle s’empressa d’ajouter: “Mais je n’aime pas le dire de cette façon. Cela fait peser sur moi tout le poids de la responsabilité de ce que je fais.” “C’est exactement pour cela que je voulais vous le faire dire”, répondis-je.

Lorsque nous nions la responsabilité de nos actes, de nos paroles ou de nos sentiments, nous perdons par la même occasion le pouvoir sur notre vie. Nous nous sentons alors impuissants, dans une impasse. Nous diminuons ainsi fortement nos chances de modifier la situation, de la vivre autrement ou de voir l’autre contribuer à notre bien-être.

Le but de cet article est, comme l’indique le titre, de repérer des obstacles à la communication. Si dans votre quotidien, vous avez des exemples d’obstacles à la communication comme indiqués ci-dessus, partagez-les dans les commentaires!

Que faire?

 

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