Les quatre étapes de base de la CNV – S pour Sentiment

Les quatre étapes de base de la CNV – S pour Sentiment

Deuxième étape: identifier ses sentiments

 

“Comment est-ce que tu te sens?” “Je me sens bien, ça va”

“Bien” ou “mal” étaient en gros les deux expressions que j’avais en tête pour répondre à la question “Comment ça va?”. Quand j’ai commencé à m’intéresser à la CNV, je me suis rendu compte qu’il y avait toute une palette de sentiments possibles. Et quand un formatrice me disait “Qu’est-ce que tu entends par ‘bien’?”: je ne savais pas trop quoi répondre!

J’ai alors commencé à apprendre: en réfléchissant, en lisant des listes, en écoutant les autres participants lors d’ateliers et en me posant très souvent la question à moi-même: “Au fait, comment est-ce que je me sens, là maintenant?” Petit à petit, mon vocabulaire s’est étoffé, et il s’agrandit encore au fil des mois.

sentiments confortables cnv

Une de mes croyances a été bousculée: pour moi, il y avait des sentiments positifs et des sentiments négatifs. C’était bien de se sentir à l’aise, calme ou épanouie. Se sentir en colère ou stressée était beaucoup moins bien. La Communication NonViolente nous invite plutôt à voir les sentiments comme confortables ou inconfortables. Il n’y a pas un sentiment qui soit mieux qu’un autre. C’est très important pour moi car si je pense qu’il est mieux de me sentir à l’aise que tendue, je risque de mettre sous couvercle le fait que je sois tendue. Lorsque l’on nie un sentiment plutôt que de l’accueillir, il revient généralement se faire entendre plus tard ou d’une autre manière, – et bien souvent plus fort. Un sentiment est comme un signal d’alarme sur un tableau de bord. Lorsqu’un voyant se met à clignoter, c’est pour nous indiquer quelque chose. Mettre nos sentiments inconfortables de côté reviendrait à dévisser l’ampoule au lieu de rechercher l’origine du problème, afin de le résoudre.

Dans les formations que j’ai vécues, une autre question m’a donné du fil à retordre: “Que ressens-tu physiquement quand tu es inquiète?” (ou triste, ou en colère, …). Je n’en avais pas la moindre idée! Pourtant, on peut effectivement ressentir nos émotions dans notre corps: ce n’est pas quelque chose de purement abstrait… Il m’arrive maintenant de faire le processus inverse: je sens par exemple une contracture au niveau du coude; et je sais que généralement, cela signifie que je suis tendue. Avant même de m’être mentalement rendu compte que j’étais tendue, je l’observe donc physiquement. Cette capacité que j’ai développée (et que je développe encore) m’est très utile, par exemple pour sentir quand je commence à me mettre en colère. Cela me permet de faire de l’auto-empathie ‘minute’ (voir article sur l’auto-empathie – A venir), c’est-à-dire m’arrêter un instant pour prendre conscience de ce qui se passe en moi. Je trouve alors un peu d’espace pour reconnaitre ce dont j’aurais besoin. Cette prise de recul contribue à elle seule à faire baisser la tension. Si je le peux, j’exprime ce qui me tient à cœur sans accuser l’autre, ou alors je sors physiquement de la situation, le temps de retrouver mes esprits. Il m’arrive aussi de me dire: “Ok, j’aurais bien besoin de x maintenant, et je ne vois pas comment faire pour le moment.” Je respire un grand coup et je me promets d’y revenir dans la journée, aussi rapidement que possible. Même si je n’agis pas concrètement tout de suite, cela m’apaise parce que un besoin a plus besoin d’être reconnu qu’assouvi.

sentiments inconfortables cnv

Le sentiment est un précieux signal. Si nous expérimentons un sentiment confortable, c’est une indication que nos besoins sont nourris. Si par contre nous ressentons une émotion désagréable, c’est un signe qu’un ou plusieurs besoins ne sont pas nourris.

 

Nos sentiments NOUS appartiennent

 

Une autre de mes croyances a été bousculée avec la CNV: nos sentiments nous appartiennent et la personne qui est en face de nous n’en est pas responsable (et n’a donc pas le pouvoir sur ceux-ci).

Exemple :

J’ai vécu deux fois la situation suivante: j’ai invité des amis à manger. Nous avons convenu qu’ils viendraient à 19h. Ils sont arrivés à 19h30.

La première fois, mon fils était tout jeune. A ce moment-là, l’endormissement était problématique pour lui (et donc pour nous!) et je savais que si la soirée durait, ça risquait de devenir très compliqué à gérer. Ce soir-là, j’étais vraiment tendue, fâchée même parce que j’avais un discours intérieur similaire à: “Ils n’ont vraiment aucune considération pour nous! Ils savent bien pourtant que nous avons un jeune enfant. 30 minutes de retard! Ils exagèrent.” Traduction girafe-minute: j’étais tendue et inquiète parce que je voulais partager un bon moment avec eux et être sereine. J’avais aussi besoin de considération pour le fait qu’il était difficile pour nous de gérer le sommeil de notre fils à ce moment-là.

La deuxième fois, le sommeil de mon fils n’était plus du tout un problème. Les activités de ce jour-là avaient pris plus de temps que prévu. A 19h, je n’étais pas prête du tout. C’est donc soulagée que je les ai vus arriver avec 30 minutes de retard. J’étais contente d’avoir pu terminer tout ce que je souhaitais faire avant qu’ils n’arrivent.

Nos amis qui étaient invités ont fait deux fois la même chose. Pourtant, mon sentiment était radicalement différent d’une fois à l’autre. Même si leur retard a été un stimulus pour moi, la cause de mes émotions m’appartenait entièrement. La première fois, des besoins non-nourris ont causé un sentiment inconfortable. La deuxième fois, des besoins nourris ont provoqué un sentiment confortable.

Ce qui fait la différence n’est donc pas ‘l’autre’ mais ce qui se passe en nous au moment où la situation apparait.

 

Des mots à distinguer des sentiments

émoticones sentiments

Certains mots sont parfois utilisés comme ‘sentiments’, alors qu’ils sont plutôt de l’ordre de l’interprétation ou du jugement (sur soi ou sur l’autre). Comme l’explique Marshall B. Rosenberg (Les mots sont des fenêtres, ou bien ce sont des murs), cette confusion vient du fait que nous utilisons régulièrement l’expression “je me sens” ou “j’ai le sentiment que” pour désigner ce que l’on pense.

Exemples: Je me sens incomprise, niée, dévalorisée, accusée, humiliée, rejetée, trompée.

Ces adjectifs montrent comment j’interprète ce que font les autres, plus que mes propres émotions. Astuce pour les reconnaître: on pourrait facilement écrire ‘par’ derrière chacun de ces mots.

Exemples: Je me sens dévalorisée par mon chef. Rejetée par mes collègues. Incomprise par mes parents.

De la même manière, nous exprimons parfois des jugements ou interprétations sur nous-mêmes en croyant nommer un sentiment.

Exemples: Je me sens nulle, bête, inutile, lamentable, incapable, …

Pour nous aider à revenir à un sentiment, on peut utiliser les verbes ressentir ou éprouver. Une astuce qui m’aide beaucoup est de me poser la question suivante:

“Quand je me dis que je suis (nulle), qu’est-ce que je ressens?” Suis-je découragée? déçue? mécontente?

Les mots exprimant des interprétations risquent de nous couper de nos besoins et de notre responsabilité. Hors, la Communication NonViolente nous invite justement à nous reconnecter à nos besoins et à en prendre la responsabilité pour pouvoir agir en fonction de nos aspirations et valeurs.

 

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